Ectillænus giganteus

Voici un trilobite français connu en abondance dans le massif armoricain mais aussi en Espagne et au Portugal. La forme que je présente a un aspect particulièrement en relief, alors que la plupart des spécimens collectés sont fortement déformés et plutot aplatis (comme il sera vu bas de page). En fait, ce spéciment présente, à sa façon, une déformation qui majore la courbure transversale.

On rappelle que l'aspect d'un trilobite est d'une part fonction des déformations tectoniques qu'il a subi et d'autre part du type de sédiment dans lequel il sera retrouvé; ainsi les fragments de spécimens récoltés dans les ardoisières de La Pouëze sont un exemple frappant de conservation très différente.

 

Description du spécimen

  • Trilobite partiellement enroulé.
  • Reposant sur un fragment de gangue.
  • Petit oeil droit visible.
  • Segments thoraciques parfaitement définis, avec rachis bombant du fait de la déformation tectonique.
  • taille totale : 105 mm (75 mm de flèche)
  • Ordovicien moyen (Llandeilien).
  • Normandie.
  • France.
  • NB : le bord antérieur du céphalon présente des terrasses cuticulaires concentriques difficilement visibles sur les clichés.
Vue latérale droite.
vue dorsale.
Vue postérieure.

 

Diagnose :

 

Ordre

Corynexochida

KOBAYASHI 1935
  • Céphalon : Hypostome coïncidant ou, chez les formes dérivées, suspendu.
  • Sutures faciales opisthopariales.
  • Bordure cranidiale souvent saillante.
  • Glabelle typiquement allongée en forme de pilon avec sillons glabellaires évasés.
  • Sillons glabellaires (si présents) classiquement à disposition évasée, la paire postérieure se dirigeant abruptement vers l'arrière, l'antérieure étant concave en avant.
  • Sillons parfois en puit.
  • Thorax: Typiquement 7 à 8 segments (de 2 à 12, rarement plus).
  • Extrémités pleurales souvent épineuses.
  • Pygidium : Généralement isopygidial ou subisopygidial.
  • De forme variable.
  • Parfois épineux.

Sous-ordre

Illænina

JAANUSSON 1959

Occurence du Cambrien supérieur jusqu'au Dévonien.

  • Céphalon : Glabelle élargie frontalement.
  • 4 paires de sillons glabellaires latéraux, souvent obsolètes ou absents.
  • Impressions musculaires extra-axiale céphaliques ("lunette").
  • Sutures faciales opisthopariales, mais distinctivement divergentes antérieurement.
  • Yeux souvent situés sur la partie postérieures des joues, près des sillons axiaux.
  • Terrasses cuticulaires fréquentes, particulièrement sur les extrémités distales de l'exosquelette dorsal et la doublure ventrale, habituellement large.
  • Hypostome suspendu (coïncident, mais avec perte de la relation directe avec la glabelle)
  • Plaque rostrale limitée par des sutures de jonction, ankylosées chez les derniers représentants du genre Panderia.
  • Effacement de la trilobitation fréquent.
  • Thorax : 8 à 10 segments.
  • Pygidium : Isopyge à subisopyge.
  • Arrondi postérieurement.
  • Axis trapu.

Super-Famille

Illænoidea HAWLE & CORDA 1847  
Famille Illænidæ HAWLE & CORDA 1847
  • Céphalon : Sillons axiaux effacés en avant des lunettes (ou impressions musculaire latérales)
  • Glabelle fortement convexe, comportant 4 paires d'impressions musculaires latérales disposées en arc de cercles parallèles aux sillons dorsaux.
  • Plaque rostrale.
  • Hypostome ovale, à corps central allongé sagittalement.
  • Hypostome pourvu d'ailes antérieures massives et subquadratiques.
  • Pygidium : Plus court que large,
  • Plus petit et moins convexe que le céphalon.
  • Généralement lisse.
  • Doublure pygidiale souvent dotée de projections médianes.
Genre Ectillænus SALTER 1867
  • Céphalon : Sillons dorsaux à peu près rectilignes.
  • Yeux très petits ou absents.
  • Branches post-oculaires des sutures faciales incurvées à leur extrémité postérieure.
  • Hypostome triangulaire arrondi.
  • Bord antérieur de l'hypostome presque transverse ou courbé légèrement vers l'avant dans sa portion centrale.
  • ailes antérieures larges et rétrécies.
  • Thorax : 10 segments.
  • Rachis bien défini.
  • Pygidium : Environ de la moitié de la longueur (sag.) du céphalon.
  • Doublure occupant 30 à 50 % de la longeur (sag.) pygidiale.
Espèce giganteus BURMEISTER 1843

Forme isopyge de grande taille (jusqu'à 30 cm).

  • Céphalon : Parabolique.
  • Presque lisse.
  • 5 paires d'impressions musculaires discernables.
  • Sillons dorsaux peu marqués, s'effaçant à la moitié de la longueur exsagittale.
  • Yeux de petite dimension, localisés à la partie postérieure du cranidium
  • Librigènes étroites et subtriangulaires.
  • Pas de pointes génales.
  • Doublure céphalique large et couverte de terrasses cuticulaires concentriques.
  • Plaque rostrale de grande dimension, semi-circulaire avec des sutures de jonction transverses.
  • Hypostome quadratique à corps central subtriangulaire, saillant et couvert de terrasses cuticulaires. Ailes antérieures concaves et digitiformes.
  • Thorax : 10 segments
  • Anneaux quadratiques représentant chacun moins du tiers de la largeur totale.
  • Plèvres avec extrémités mousses présentant une géniculation à mi-longueur.
  • Pygidium : légèrement ogival, presque circulaire
  • Rachis à peine marqué.

 

Clichés complémentaires :

 

Céphalon, vue dorsale.
Géniculations à mi-longueur des plèvres.
Terrasses cuticulaires céphaliques .

Passez la souris sur le cliché central pour visualiser les géniculations des plèvres.

Sur le céphalon en vue dorsale, remarquez les sillons dorsaux caractéristiques, et les terrasses cuticulaires sur la doublure céphalique large.

 

Un travail sur l'incidence de profil pour mieux visualiser l'enroulement partiel.

 

Détails du rachis thoracique. Remarquez les perforations (puits) très profondes..

 

Enfin, pour aider à une meilleure identification de spécimens, voici le synthétogramme d'Ectillænus giganteus.

 

Synthétogramme d' Ectillænus giganteus (D'après P. Lebrun, 2001).

 

Discussion et remarques :

Suite à la révision de RÁBANO & GUTIERREZ (1983) on retiendra que les espèces E. bituberosus KNUPFER 1967 et E. convergatus KNUPFER 1967 de Thuringie (Allemagne) ne sont plus assignés au genre Ectillænus.

RÁBANO & GUTIERREZ (1983) précisèrent la diagnose d'Ectillænus giganteus avec les mesures des angles céphalique et pygidial, malheureusement souvent de peu d'utilité en pratique du fait des déformations tectoniques; ils représentent l'angle créé par deux tangentes sagittales entre le bord postérieur du cranidium d'une part et le rachis proximal du pygidium d'autre part avec une tangente à la bordure pour l'angle céphalique et l'angle pygidial respectivement. Ils y associèrent par ailleurs la description des impressions musculaires céphaliques que je ne reproduis qu'ici car très rarement vues (puisque situées à la face interne du cranidium) :

Ectillænus est retrouvé dans la péninsule ibérique, en France, en Grande-Bretagne, en Bulgarie au Maroc, en Asie Centrale (?) et en Suède (?)

 

Autres spécimens (originaires de La Pouëze, Maine-et-Loire, France) :

 

Fragments de céphalothorax presque complets. Spécimens très aplatis et déformés latéralement.

 

REFERENCES :

LEBRUN P. 2002. Trilobites de France. Tome I. Généralités sur les trilobites, Massif Armoricain (bretagne, Normandie, Vendée). Minéraux et Fossiles. Hors série N°14.

RÁBANO I., 1990. Trilobites del Ordovicio medio del sector meridional de la Zona Centroiberica Española. Pub. Esp. Bol Geol. Min. pp. 1 - 233.

 

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